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La conscience verte des DSI

Le défi de la Neutralité Carbone en entreprise engage très fortement les DSI.

Quelles sont les bonnes pratiques du green IT ?

Green IT DSI

Depuis 1900, la température sur terre s’est réchauffée d’environ 1,1°C (1,7°C pour la France métropolitaine). Pour lutter contre ce réchauffement climatique, les objectifs de l’Accord de Paris (2015) reposent sur l’équation selon laquelle en 2050 chaque individu ne devra pas émettre plus de gaz à effet de serre (GES) que ce que les écosystèmes peuvent absorber naturellement.

En France, le 15 novembre 2021, s’appuyant sur les recommandations du Rapport de la mission d’information sur l’empreinte environnementale du numérique, une loi visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique (REEN) a été promulguée. C’est une première mondiale qui propose une série de mesures pour favoriser un numérique sobre, responsable et écologiquement vertueux en France.

D’après le think tank Green IT, les émissions totales des activités numériques représentent actuellement 4% de l’empreinte carbone mondiale, et ce chiffre augmente compte tenu de nos usages toujours plus énergivores (data-centers, cycle de vie des appareils, utilisation exponentielle d’internet – visios, etc…) et des évolutions technologiques loin d’être écologiques (Blockchain, IA, Machine Learning, IoT, cryptomonnaies, etc…). Les entreprises, et plus particulièrement celles liées au monde numérique, ont donc un rôle majeur à jouer pour répondre à l’impératif du Net-Zéro carbone.

Au-delà de la pollution directe liée à la consommation de services digitaux, il existe une pollution, dite indirecte, liée au cycle de vie des activités numériques provenant notamment de la fabrication des matériels (ordinateurs, serveurs, smartphones, composants réseaux, etc). Quand c’est un des fournisseurs d’une entreprise qui génère les émissions elles sont donc dites indirectes, mais l’entreprise en question doit les prendre à son compte et les inclure dans le calcul de son propre bilan carbone – et elles peuvent être majoritaires !

La DSI inhérente à la stratégie d’entreprise responsable

De tous ces constats et ces mesures est née depuis plusieurs années une démarche : le Green IT. Le cadre réglementaire français et européen se précisant, de plus en plus d’entreprises intègrent les objectifs de Net-Zéro carbone à leurs objectifs stratégiques et le numérique responsable devient un volet incontournable des stratégies de Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE).

Ce défi d’un numérique responsable est aujourd’hui à l’agenda stratégique d’un DSI, aux côtés des autres métiers de l’entreprise engagée dans cette transformation. Car au-delà de l’empreinte qu’il représente, le numérique est également un formidable levier pour réduire l’empreinte environnementale des organisations et cela pour de nombreux métiers (logistique, industriel, R&D…). Le défi de la neutralité carbone numérique en entreprise se base donc sur un concept complémentaire, le IT for Green. Ce sont généralement des solutions à base d’objets connectés et de Big Data. Il s’agit d’investir dans le numérique et d’étendre son périmètre d’usage afin de contribuer à réduire l’empreinte dans les autres domaines de l’entreprise (cet usage du numérique aura aussi une empreinte carbone, mais l’on vérifiera que le bilan est positif).

Patrick Anfossi, DSI Corporate de Plastic Omnium, est intervenant dans la formation Executive Certificate CIO créée par Infortive Transition en partenariat avec CentraleSupélec Exed. Il anime les sessions dédiées au Numérique Responsable :

"Depuis une dizaine d’années, les consciences s’éveillent sur les impacts environnementaux des technologies numériques au sein de nos entreprises. Nous, les DSI, avons mûri et nous sommes de plus en plus nombreux à être force de proposition, à définir des objectifs et apporter des solutions innovantes et durables."

La démarche #1 : le Bilan Carbone®

Pour atteindre les objectifs de réduction de l’empreinte carbone des activités d’une DSI, la première étape est de réaliser un Bilan Carbone®. Ce bilan permet d’enclencher un plan d’actions priorisées de diminution voire de compensation de ses émissions (cf pistes d’actions à la fin de l’article).

Pourquoi vouloir faire ce Bilan Carbone® ? Tout d’abord, pour répondre à une obligation légale ! L’article 75 de la loi N°2010-788 (loi du Grenelle II) impose depuis 2010 la réalisation et l’actualisation régulière d’un bilan carbone aux organisations publiques et privées. Ce bilan est obligatoire pour les entreprises de plus de 500 salariés, les établissements publics de plus de 250 personnes et les services de l’État. Mais en réalité, quelle que soit l’échelle de l’entreprise, la mesure est incontournable et fondatrice de la démarche.

Pour construire puis analyser un Bilan Carbone®, la méthodologie internationale de comptabilité carbone introduit une catégorisation des émissions entre 3 périmètres, ou scope 1, 2 et 3 :

  • le scope 1 comptabilise les émissions directes dans les activités de l’entreprise (production, chauffage des bâtiments, émissions des véhicules de l’entreprise…),
  • le scope 2 englobe les émissions indirectes liées à la production de l’énergie consommée par l’entreprise - en particulier l’électricité,
  • le scope 3 regroupe toutes les autres émissions indirectes, qui représentent en général la majorité des émissions de l’entreprise, comme les achats de marchandises et de services, les déplacements domicile-travail, l’utilisation par les clients des produits ou services fournis par l’entreprise…

L’essentiel du bilan carbone portera sur les scopes 2 et 3. Ainsi pour une DSI, tous les services proposés aux métiers de l’entreprise (les services Cloud public et/ou privé, le Workplace, les Data-centers, les achats de matériel, ses collaborateurs …) devront être identifiés, classifiés puis mesurés.

Une fois la mesure effectuée, une trajectoire raisonnable mais ambitieuse pourra être définie. Cette trajectoire peut être construite autour de la consommation électrique et des achats de biens et services. La démarche doit être faite sur un temps long basé sur un processus incrémental et itératif.

En classant les sources d’émissions de manière décroissante et en appliquant la loi des 80/20, on peut identifier des actions prioritaires. Ainsi, on constate souvent qu’une part importante des émissions se situe lors de la fabrication des matériels utilisés par l’entreprise (la fabrication d'un ordinateur émet entre 600 et 1000 Kg equivalent CO2, beaucoup plus que la consommation électrique et sans compter son « sac à dos écologique – cf schéma) et qu’allonger leur durée de vie est un des axes majeurs de réduction des émissions.

L'impact écologique d'un ordinateur
Source : Le sac à dos écologique d’un PC de 2kg, La Fresque du Numérique, selon l’ADEME

Le contexte au sein d’une entreprise

Pour mettre en œuvre cette démarche, il est souvent intéressant de se caler sur la road map globale de neutralité carbone de son organisation. Le rôle transversal du DSI permet de faciliter une approche holistique dans cette démarche : les métiers sont questionnés, les fournisseurs, les éditeurs sont interrogés, les différents patrimoines de l’organisation sont évalués… De plus, pour concrétiser la démarche responsable, le DSI peut avoir besoin de mener des actions de communication et sensibilisation ciblées pour accélérer cette transition au sein de l’organisation. La sensibilisation et la formation représentent de vrais enjeux pédagogiques, en interne (recyclage ou allongement du cycle de vie, guides des bonnes pratiques,…) comme en externe (partage d’expériences, veille, et image de marque bien entendu…).

Le DSI est donc, comme pour nombre d’autres sujets aujourd’hui, un vrai partenaire des métiers de l’entreprise.

Dans le cas de Plastic Omnium, l’entreprise s'est engagée à atteindre la neutralité carbone sur le scope 1 et le scope 2 d'ici 2025 et à réduire le scope 3 de 30% en 2030. La DSI s’intègre dans cette initiative d’entreprise et contribue à ces objectifs.

Le coût de ne rien faire

Chaque entreprise étant unique, cette démarche doit s’inscrire de manière pragmatique dans sa stratégie globale.

En fonction du secteur d’activité de l’entreprise, la part du bilan carbone des activités digitales peut varier de manière conséquente. Mais l’on constate que de plus en plus d’entreprises se préoccupent à présent de leur bilan carbone et que leurs clients vont devenir de plus en plus exigeants sur les émissions des produits vendus (qui entrent dans leur scope 3) et en particulier sur la part du numérique dans ces émissions.

Après quelques années de balbutiements, où le green IT était plutôt du greenwashing, la prise de conscience est bien là : depuis 2018, le métier de Responsable Green IT est entré officiellement dans la nomenclature des 50 métiers des systèmes d’information du Cigref.

Le rôle du DSI en est enrichi. L’enjeu ne se limite pas à la réduction des impacts environnementaux du numérique, il est question de son usage raisonné. C’est une question de résilience pour l’humanité ! Même si la transition entraîne des coûts pour les secteurs les plus émetteurs, pour assurer la formation des équipes et pour financer les investissements nécessaires dans la technologie et les infrastructures, le coût de "ne rien faire" sera(it) bien plus élevé !

Bonnes pratiques du numérique responsable

Pour commencer à vous engager dans cette démarche, voici quelques axes de réflexion et d'actions à impact qu’en tant que DSI vous pouvez mener. À vous de compléter cette liste :

  • Travailler sur des initiatives autour de l’allongement du cycle de vie du matériel IT
  • Ajuster la politique d’achats en intégrant des critères environnementaux
  • Communiquer régulièrement sur les bonnes pratiques, et sensibiliser vos collaborateurs par les ressources mises à disposition à cette culture d’un numérique durable
  • Mobiliser et intégrer vos fournisseurs dans cette démarche globale
  • Mettre en place un responsable numérique durable au sein de la DSI en lui allouant un budget spécifique et des indicateurs de performance

Pour aller plus loin

Expression du besoin par le client dans les 24h

Enrichissement du besoin par les experts d’Infortive

Rédaction net validation de la lettre de mission

Identification des managers de transitions les plus adaptés en 48h

Présentation chez le client ou chez Infortive des managers de transition

Recommandations d’Infortive sur le choix des candidats

Appropriation par la manager de transition des objectifs

Définition de la communication autour de la mission

Démarrage de la mission

Suivi de la mission par un directeur de mission et mise en place d’un planning de suivi de la mission

Rapport d’étonnement à 3 semaines et réalignement des objectifs

Bilan de fin de mission

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